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DE M. DES ROCHES.

Sur le Pole en certain compas,
Le Ciel graue & rapide tourne :
L’an en ſerpent ſa fin retourne,
Et reprend vie en ſon treſpas.
Las nous ne luy reſſemblons pas,
Le deſtin prend mieux qu’il ne donne :
Luy qui principe & fin ordonne
Guide noz pieds d’vn autre pas.
Noſtre chef ſans retour ſ’incline,
Mais celle part qui eſt diuine
Ne ſent les iniures du temps.
Ainſi voit on voſtre excellence
Tourner en la circonference
De ſon perdurable Printemps.

Le corps, l’ame & l’eſprit, reçoiuent leur eſſence
De l’Element, de l’Aſtre, & de la Deité :
Soit par la rectitude, ou par l’obliquité,
Ou ſoit par les effectz de moienne puiſſance,
Dieu donne à noſtre eſprit la ſage intelligence,
Et par elle nous ioint à ſa diuinité :
L’ame par la chaleur & par l’humidité,
Des deux aſtres luiſans connoiſt la difference.
Le corps de terre & d’eau reçoit accroiſſement
Par l’air, & par le feu, & par ſon aliment,
Deſquels trop augmenté, il ſ’efforce de nuire
À l’ame, qui ſ’altere auecque le tiſon,
Et à l’eſprit diuin le priuant de raiſon,
Si par intelligence il ne ſe veut conduire :