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TRAGICOMEDIE

Et ioüe en ſa treſſe blonde
Friſotee comme l’onde
Qui coule du petit clein.
Il regarde par ſes yeux,
Parle & reſpond par ſa bouche,
Par ſes mains les cueurs il touche
N’espargnant hommes ni Dieux.
Quand il ſ’en vient entre nous,
Un ſoub-ris luy ſert d’eſcorte :
Mais qui n’ouuriroit ſa porte
Le voyant ſi humble & doux ?
Ha Dieu quelle trahiſon.
Souz vne fraude tant douce !
Ie craints beaucoup qu’il me pouſſe
Hors de ma propre maiſon.


Adieu iardin plaiſant, doux obiet de ma veüe :
Ie prends humble congé de l’email de vos fleurs,
De vos petis Zephirs, de vos douces odeurs,
De voſtre ombrage frais, de voſtre herbe menüe.
Arbres aymez du ciel, qui voiſinez la nue
Vous auez eſcouté mes chanſons & mes pleurs,
Teſmoins de mes plaiſirs, teſmoins de mes douleurs :
Ie vous rends les mercis de la grace receüe
Hoſteſſe des rochers, belle & gentille Echo,
Qui auez rechanté Charite & Sincero.
Dedans ce beau jardin, ſi quelqu’vn vous incite,
O Nymphe pour vous faire & chanter & parler :
Reſſonnez ſ’il vous plaiſt ces deux noms dedans l’air.
Charite & Sincero, Sincero & Charite.


FIN.