Page:Roches - Oeuvres.djvu/206

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
191
A CHARITE.

A brulé ſans merci mon ame & mon cueur :
Il ſort de vos regars vn fleuue de douceur
Qui guerit promptement & mon cueur & mon ame.
Pour Dieu regardez moy, maiſtreſſe, vos regars
Illuſtrent mes penſers : leurs doux flambeaux eſpars
Conduiſent en repos ma pauure ame eſgarėe.
Qui peut voir ſans plaiſir la grace de vos yeux,
Il peut voir ſans clarté la grand voute des cieux :
Et peut voir ſans vn corps vn’ ombre ſeparee.

Ne me regardez point, ie vous ſupply madame,
Deſtournez de vos yeux la trop viue ſplandeur :
Quand vous me regardez leur violente ardeur
S’écoulant par les miens me brule dedans l’ame,
Ne me regardez point, ah mon Dieu ie me paſme,
Ie ne ſçaurois ſoufrir la grace & la douceur
De vos yenx trahiſſans, qui deſrobent mon cœur
Pour le ſacrifier en l’amoureuſe flame.
Ne me regardez point, maiſtreſſe, vos regars
Me font autant de feus, me font autant de dars :
Qui peut voir ſans mourir telle flame eſlancée,
Celuy voit ſans flechir le ſoleil radieux,
Il voit ſans admirer la grand voute des cieux,
Et peut enclorre Dieu de l’humaine penſee.


CHANSON.


SOuz un Laurier Triomfant
Amour regarde la belle
Puis fermant l’une & l’autre aiſle
Il l’a ſuit comme vn enfant.
Il repoſe dans ſon ſein.

A a iiij