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DE TOBIE.

Ne pouvant recouvrer la ſomme qui m’eſt due,
Se plaint de la rigueur que ie luy ay tenüe
De l’enuoyer quaſi malgré luy hors d’icy :
Las mon Dieu que fais-tu, mon fils, mon cher ſouci,
Retourne à moy bientoſt, ſi tu as quelque enuie
De ſoulager vn peu ma languiſſante vie.

Anne.

Mon amy, croyez-moy qu’on ne doit haſarder
Ce que l’on ayme tant, il le faut bien garder :
Vous auez eu grand tort, pour ſi petite ſomme,
De mettre en ce danger la vie d’vn tel homme :
Helas mon cher enfant, lumiere de mes yeux,
Que nous avons eſté de toy mal curieux !
Sont ce de tes bienfaits les dignes recompenſes
Que de t’auoir chaſſé dehors de nos préſenſes ?
Las nous t’avons cauſé tant de mal & d’ennuy !
Et tu es de nous deux le baſton et l’apuy :
Tu es noſtre bon-heur, noſtre plaisir, noſtre aiſe,
Et ſans toy nous n’auons aucun bien qui nous plaiſe
Nous n’auons autre eſpoir de la poſterité
Qu’en toy noſtre ſeul fils, & t’auons irrité !
En toy noſtre ſeul fils, nous auions toutes choſes,
En l’ame de toy ſeul trois ames ſont encloſes,
Et nous t’auons chaſſé ! ah Dieu quel creue cueur !

Tobie.

Las m’amie, pour Dieu donnez-vous paſſience,
Ne vous troublez point tant, vivez en eſperance
Que noſtre fils eſt ſain, et que dans peu de tens
Il reuiendra icy pour nous rendre contens,