Or voilà que i’ay ouy ma femme, & ie ne ſçay
Si c’eſt un nouveau mal dont elle fait eſſay :
Mais n’auez-vous point veu la façon debonnaire
De mon Neveu Tobie, en parlant de ſon pere ?
Ouy, i’ay bien aperceu qu’il pleuroit tendrement.
Que l’on doit eſperer vn humain traitement
De ce jeune garçon ! or pleuſt à Dieu, m’amie
Que ma fille Sarra eut eſpouſé Tobie,
Qu’il fuſt avecque nous pour noſtre aide & ſecours,
Qu’il deust fermer nos yeuz à la fin de nos jours.
Mon Dieu que dites-vous ! Ce ſeroit grand dommage
Que ceſt honneſte fils mouruſt en ſi ieune age :
Vous ſçavez bien (Monſieur) comment les ſept maris
De la pauure Sarra ſont tous morts & peris.
Peut-eſtre cetuy-ci, qui eſt noſtre plus proche,
Vient pour nous deliurer de ce villain reproche ;
Peut-eſtre le Seigneur l’a fait venir à nous,
Pour eſtre de Sarra perpetuel eſpous.
Et que vous me donnez vne douce eſperance !
Ie voy dans ce ieune homme vn’humble contenance,
Un regard adouci, un geste gracieux :
Ie connois bien auſſi qu’il eſt deuotieux,