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DE TOBIE.

Raguel.

Or voilà que i’ay ouy ma femme, & ie ne ſçay
Si c’eſt un nouveau mal dont elle fait eſſay :
Mais n’auez-vous point veu la façon debonnaire
De mon Neveu Tobie, en parlant de ſon pere ?

Anne.

Ouy, i’ay bien aperceu qu’il pleuroit tendrement.

Raguel.

Que l’on doit eſperer vn humain traitement
De ce jeune garçon ! or pleuſt à Dieu, m’amie
Que ma fille Sarra eut eſpouſé Tobie,
Qu’il fuſt avecque nous pour noſtre aide & ſecours,
Qu’il deust fermer nos yeuz à la fin de nos jours.

Anne.

Mon Dieu que dites-vous ! Ce ſeroit grand dommage
Que ceſt honneſte fils mouruſt en ſi ieune age :
Vous ſçavez bien (Monſieur) comment les ſept maris
De la pauure Sarra ſont tous morts & peris.

Raguel.

Peut-eſtre cetuy-ci, qui eſt noſtre plus proche,
Vient pour nous deliurer de ce villain reproche ;
Peut-eſtre le Seigneur l’a fait venir à nous,
Pour eſtre de Sarra perpetuel eſpous.

Anne.

Et que vous me donnez vne douce eſperance !

Raguel.

Ie voy dans ce ieune homme vn’humble contenance,
Un regard adouci, un geste gracieux :
Ie connois bien auſſi qu’il eſt deuotieux,