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DE TOBIE.

Et la mets près de moy dans vn meſme cercueil.
Porte le nom de Dieu eſcrit en ta penſee,
Garde ſongneuſement qu’vn’erreur inſenſee
Ne te vienne ſaiſir pour te faire pecher,
Voulant de tes vertus le bonheur empeſcher.
Ne deſtourne tes yeux du pauvre miſerable,
A ſa neceſſité monſtre toy ſecourable.
Si tu as de grands biens, donne abondamment,
Ayans peu, donne peu, mais liberallement :
L’Omoſne paroiſtra devant le divin Troſne
De noſtre ſouverain qui commande l’Omoſne :
Il t’en ſçaura bon gré, il ne ſouffrira pas
Que ton ame chemine en Tenebres là bas.
Mon enfant garde toy d’vn adultaire infame,
Et n’acointe iamais vn’autre que ta femme :
Chaſſe l’orgueil de toy, car la preſumption
Entreſne ses ſubjets tous à perdition.
Qui t’aura fait plaisir, vueilles luy auſſi plaire :
Ne retiens le Loier du pauvre mercenaire :
Ne faſche ton prochain & ne fais envers luy,
Que ce que tu voudrois meſmes ſouffrir d’autruy,
Mange auecques le iuſte & monſtre que tu l’aimes,
Couvre ceux qui sont nuds de tes veſtemens meſmes :
Ne frequente iamais les hommes vicieux,
Suis le conſeil du ſage & honore le vieux.
Benis Dieu en tout temps & touſiours luy demande
Qu’il adreſſe ton cueur, où ſa loy te commande.
Tobie mon amy i’ay preté dix Talens
A Gabel qui demeure entre les medeens