Page:Roches - Oeuvres.djvu/183

Cette page a été validée par deux contributeurs.
168
TRAGICOMEDIE

Tobie.

Dieu vous tienne en ſa garde & voſtre compaignee,
Monſieur nous ſommes nez de la haute lignee
Des enfans d’Iſraël, auſquels le ſouuerain
Abaiſſant ſa grandeur toucha de main à main
Quand il changea ſon nom : Nous auons pris naiſſance
Des fils de Nephtali, doux fleuue deſloquence :
Noſtre peuple vainquit de braues nations,
Ores nous eſprouvons maintes ſubietions :
Telle varieté gouuerne toute choſe
Fors le cueur de celuy qui en Dieu ſe repoſe,
Pour n’auoir obſerué les ſaincts commandemens
Nous méritons d’auoir les iuſtes chaſtimens.
Le Roy Sennacherib brulant en ſon courage
De haine, de couroux, de fureur, & de rage,
Commanda maſſacrer le pauure peuple Hebrieu :
Mon pere demy mort fuiant ce triſte lieu
Trouua vn ſien amy du pays d’Aſſirie,
Qui luy ſauua ſon fils & ſa femme & ſa vie :
Mais non pas tous ſes biens qui auoient eſté pris.
Depuis ce Roy cruel, de ſes enfans ſurpris
Fut maſſacré par eux, meſmes dedans un temple :
A quoy tous les tirans peuuent bien prendre exemple.
Mon pere en ce temps la ſortit hors de priſon
Et raporta ſes biens en ſa propre maiſon.

Raguel.

Amy, connoiſſez-vous mon bon frere Tobie ?
Si vous le connoiſſez dites moy ie vous prie
Quel eſt ſon portement, ſi le bon-heur le ſuit,
Comme lon voit qu’en luy toute vertu reluit.