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TRAGICOMEDIE

bie aueugle, auoit l’ame eſcleree d’vne ſplendeur diuine, qui luy faiſoit enuoier infinité de plaĩtes iuſques au Ciel : Et cõme en ce meſmes temps la belle & vertueuſe Sarra eſtoit miſerablement affligee en la maiſon de ſon pere, pour la cruauté déteſtable de l’eſprit malin Aſmodée, qui faiſoit treſpaſſer aupres delle ſes maris dès le ſoir de leurs Noces : De ſorte qu’en ayant eu iuſques au nombre de ſept il n’en reſtoit pas un viuãt : ie dirois comment la triſte dame ſe voiant innocemment coupable de tant de morts, fit voller par le vuide de l’air ſes piteuſes querelles, leſquelles rẽcõtrerent celles de Tobie & toutes enſemble ſen allerent crier merci deuãt le Troſne de Dieu, de qui la bonté immenſe voulant ſecourir ces deux affligez par le moyẽ de la perſonne qui leur ſeroit la plus chere en ce mõde, enuoya l’Ange Raphaël ſouz l’acouſtrement & le nõ d’Azarie, pour cõduire le ieune Tobie en la cité de Rages, ou ſon pere luy cõmandoit d’aller demãder quelque ſomme d’argent qui luy eſtoit du. Ie dirois auſſi comment le Fleuue Tigris fit ſortir ſur la riue vn poiſſon de grandeur & forme eſpouventable, qui effroya Tobie de telle ſorte, qu’il euſt promptement fuy, ſans l’aſſurance que luy dõna le fidelle Azarie, diſant que ce poiſſon eſtoit, l’heureuſe medecine de ſes douleurs : Mais ſi ie voulois continuer le lõg diſcours, ma mere, i’ofencerois le lecteur preſſupoſant qu’il ne luy ſouvient plus de ceſte histoire, veu quelle eſt inſerée dedans la ſainte Bible, ie