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LES OEUVRES

Mais ſur tout la douleur de leurs enfantemens,
Leur faiſoit ſupporter incroyables tourmens,
Aymant trop mieux mourir que d’eſtre peu honteuſes
Contant aux Medecins leurs peines langoureuſes.
Les femmes (ô pitié !) n’oſoient plus ſe meſler
De ſ’aider l’vne l’autre, on les faiſoit filler :
Leurs marys les voyans en ce cruel martyre,
Ne laiſſoient pas pourtant de gaucer & de rire,
Peut eſtre deſirant deux nopces eſprouuer,
Ils n’avoient plus de ſoing de les vouloir sauver.
En ce temps il y eut vne Dame gentille,
Que le ciel avoit faict belle, ſage, & ſubtile,
Qui piteuſe de voir ces viſages ſi beaux,
Prontement engloutis des auares tombeaux,
Les voulant ſecourir couurit ſa double pomme
Afin d’eſtudier en accouſtrement d’homme :
Pource qu’il eſtoit lors aux femmes interdit
De pratiquer les arts, ou les voir par eſcrit.
Ceſte Dame cachant l’or de ſa blonde treſſe
Apriſt la Medecine, & ſ’en feit grand maiſtreſſe.
Puis ſe reſouuenant de ſon affection,
Voulut effectuer ſa bonne intention,
Et guerir les douleurs de ſes pauures voiſines
Par la vertu des fleurs, des fueilles & racines :
D’vne herbe meſmement qui fut cueillie au lieu
Où Glauque la mengeant d’homme deuint un Dieu.
Ayant tout preparé la gentille Agnodice,
Se preſente humblement pour leur faire ſervice,
Mais les Dames penſant que ce fut un garſon,