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DE M. DES ROCHES.

Et de tous leurs attraits ce n’eſt rien qu’une fable :
Mais la femme qui ayme, & qui craint le ſeigneur,
Merite receuoir un immortel honneur :
Sus doncques rendez-luy la gloire meritee,
Sa loüange ne ſoit de bornes limitee,
Faictes-luy voiſiner la grand’ voute des Cieux,
Puis qu’elle eſt en ce monde un miracle à voz yeux,
Que ſa perfection un tel loyer demande,
Rendez le prontement, car Dieu vous le commande.


L’Agnodice.


IL n’y a paſſion qui tourmente la vie
Avec plus de fureur que l’impiteuſe enuie :
De tous les autres maux on tire quelque bien,
L’avare encheſné d’or ſe plaiſt en ſon bien,
Le ſuperbe ſe fond d’vne douce allegreſſe,
S’il voit vn grand ſeigneur qui l’honore & careſſe,
Le voleur epiant ſa proye par les champs
Soubsrit à ſon eſpoir attendant les marchands,
Le gourmand prend plaiſir au manger qu’il deuore,
Et ſemble par les yeux le deuorer encore,
Le ieune homme ſurpris de laſcives amours
Compoſe en ſon eſprit mille plaiſans diſcours,
Le menteur ſe plaiſt fort ſ’il ſe peut faire croire,
Le iureur en brauant ſe pompe dans ſa gloire.
Mais ô cruelle envie, on ne reçoit par toy
Sinon le deſplaisir, la douleur & l’eſmoy,