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LES OEUVRES

Ne laiſſer point tirer tes deſirs par les yeux,
Et ne donner ton bien pour eſtre vicieux,
Suyvant les faux appas d’une impudique flame
De craincte d’offencer ta legitime femme :
Car ſe ſeroit manquer à Dieu, aux loix, à toy,
Et pariurer l’autel de luy faucer la foy
Qui ſent d’un autre feu l’amoureuſe ſcintille
Eſt en danger d’avoir une eſpouſe ſterile
Et ne voir de longtemps les regards blandiſſans
Ny les ſoubsris mignards de ſes petits enfans.
Ie ne te priray point de te garder de boire,
Le breuuage fumeux qui gaſte la memoire,
Ie ſçay que ta raiſon garde le ſouvenir
De ce qui eſt paſſé iugeant de l’aduenir :
Mais ie te priray bien d’ayder à l’innocence
Des pauures affligez qui n’ont point de deffence.
Ie te ſupplie encor de fuyr prontement
Des propos deprauez le traiſtre enchantement,
Regarde ſi celuy qui pend à ton oreille
Eſt digne d’eſtre ouy en ce qu’il te conſeille ;
Qui ſçait bien gouverner par ordre en ſa maiſon
Il peut bien conſeiller un prince avec raiſon.
Mon fils, tu és des tiens l’eſpoir & le refuge,
Ils n’ont que Dieu au Ciel, toy en terre pour iuge :
Penſe auant que dire, & iuges ſagement
Puis que tout obeit à ton commandement.
Pour nuyre à tes voiſins ne dreſſe point d’armee ;
Et que ſert il de voir noſtre terre ſemee
De tant de corps humains ? qui fait guerre à autruy,