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LES OEUVRES

Ne reconnoiſſent pas que la ialouſe envie
Des vends & non de vous leur derobe la vie :
Car les vents amoureux de voz rares beautez,
En veullent receuoir toutes les priuautez,
Parfois vous careſſant, o Nymphes marinieres,
Ils baiſent doucement la fleur de voz riuieres :
Mais ſi quelque vaiſſeau les garde d’aprocher,
Furieux ils le font briſer contre un rocher.
O Dieu combien de fois la gaillarde jeuneſſe
Ioüant en voſtre sein a ſenty la rudeſſe
De ces enfans de l’air qui brulant de courroux
L’eſtaignoient en voz bras par un deſpit ialoux !
He ! mais que feriez vous, les fureurs amoureuſes
Des vents audacieux ne vous font moins piteuſes,
Ne pouuant garentir les hommes de la mort.
Tout ce qui eſt à eux vous le mettez à bord :
Vous pouuez, ſainctes eaux, les guerir de la rage,
Et du fondre tonnant vous empeſchez l’orage.
Lüy ouurant le chemin pour le faire couler
Auec moins de fureur par le vuide de l’air,
Tant de proprietez ſe trouuent aux fontaines
Qui ſoulagent les maux dont noz vies ſont pleines.
Ceſt’eau qui de Triuulſe honoroit le iardin
Rendoit en la beuuant gracieux & benin :
Et ceſt autre qui eſt des eaux la principale
Se ioint ſi proprement à l’humeur radicale,
Qu’elle raieuniſt l’homme en la vieille ſaiſon
Comme le ſiecle vieux veit raieunir Æſon,
Auſſi vous nourriſſez les flambeaux de noz vies