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DE M. DES ROCHES.

S’il m’auient de noyer, au moins qu’il vous agree,
Ie ne crain point la mort, & ne requiers ſinon
Que me perdant en vous, vous ne perdiez mon nom.
Ceignez-moy de voz bras, & voſtre onde argentine
Face bruire parfois le nom de Catherine,
Qui humble vous ſalue honorant voz honneurs
Dignes d’eſtre chantez des plus dignes ſonneurs.
Belles & ſainctes eaux voz sources perennelles
Soutenoient du ſeigneur les vertus eternelles,
Car ſon eſprit ſur vous ſe promenoit alors
Que ſon alme pouuoir compoſa ce grand corps,
Et l’ayant ordonné par nombre, & par meſure
Il luy feit de voz bras une large ceinture
Monſtrant autour de vous cent mille raritez
Qui tiennent leur grand pris de voz humiditez
Le Chriſtal, le Coral, la Perle d’excellence,
Et les poiſſons ſacrez à l’honneur du ſilence :
Mais cela n’eſt pas tout, car nous autres humains
Priſmes forme en l’humeur de voz humides mains
Quand de voz ſainctes eaux les vagues écumeuſes
Arroſoient de l’Edem les plaines limoneuſes.
Et c’eſt ores pourquoy (belles) à voſtre honneur,
L’homme retient encor’ſon nom de voſtre humeur
Depuis ce ſexe ingrat, cette maudite race
Meſconnoissant son Dieu pecha deuant ſa face,
Et le ſeigneur voyant ſon infidelité
Le voulut chaſtier de la temerité.
Ie veux, ce vous dit-il, o ſervantes fideles
Punir de ces meſchans les offenses mortelles.