Page:Roches - Oeuvres.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.
3
DE M. DES ROCHES.


L’autre reçoit l’eſprit de ialouſie,
Qui poſſeſſeur d’vne chaſte beauté :
Au nid d’Amour loge la cruauté,
En bourellant ſa propre fantaſie.

Pyrrha choiſiſt vne claire ſemence
Pour repeupler le terreſtre manoir,
Et Deücal ſema le caillou noir,
Dont le Ciel meſme a faict experience.

Mon Dieu, mon Dieu combien de tolerance,
Que ie ne veux icy ramenteuoir !
Il me ſuffit aux hommes faire voir
Combien leurs loix nous font de violence.

Les plus beaux iours de noz vertes annees,
Semblent les fleurs d’un printems gracieux,
Preſſé d’orage, & de vent pluuieux,
Qui vont borner les courſes terminees.

Au temps heureux de ma ſaiſon paſſee,
I’auoy bien l’aile vnie à mon coſté :
Mais en perdant ma ieune liberté,
Auant le vol ma plume fut caſſee.

Ie voudroy bien m’areſter ſur le liure,
Et au papier mes peines ſouſpirer.
Mais quelque ſoing m’en viẽt touſiours tirer,
Diſant qu’il faut ma profeſſion ſuiure.