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DE M. DES ROCHES.

Me faict craindre de ne pouuoir,
Enuers toy faire mon deuoir.
Mais excuſe moy ma mignonne
Si ce que ie puis ie te donne
Je ſçay, Roſe, que mes faueurs
Sont vers toy de peu de valeurs,
Et pourtant il faut que ie t’aime
Autant que mes yeux & moymeſme,
Et ie te veux dire pourquoy,
Pourquoy ie t’aime autant que moy.
I’aime ta cyme iauniſſante
I’aime ta ſepe veérdiſſante,
Pource que celle que ie ſers
Ha le poil d’or, & les yeux vers :
I’aime tes fueilles incarnates,
Comme les ioües delicates,
De ma maiſtreſſe, & tes Zephirs
Qu’elle r’aſſemble en ſes ſouſpirs.
Voila belle & gentille Roſe
Pourquoy i’aime ſur toute choſe,
Ta fueille, ta cyme, & ton pié :
Pleuſt à Dieu que mon amitié
Te peut eſtre autant honorable,
Que ta beauté m’eſt agreable.
Ie ne craindroy point que Saphon
Me reprinſt dedans ſa chanſon,
Pour ne t’auoir, Roſe fleurie,
Priſe ſur le mont Pierie.
Vrayment Roſe ie chanterois