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LES ŒVVRES

Volage & indiſcret, vous n’aurez la puiſſance
De me vaincre en oubly, car par voſtre inconſtance
Ie veux eſtre inconſtante, & le ſeray auſſi.
Doncques ſi vous m’aymez, penſez que ie vous ayme
Autant comme mon cœur, autant comme moy meſme :
Mais ſi vous ne m’aymez ie ne vous ayme point,
Si vous me haiſſez, ie hay plus que la rage,
Ie hay plus que l’enfer, voſtre mauuais courage,
Ainſi l’amour me bleçe, & la hayne me point.

Vous voyant expoſer aux dangers de la guerre,
Helas i’ay ſi grand pœur que voſtre amoureux nœud,
Soit trenché par le fer, que voſtre amoureux feu
Soit eſteint par le feu de ce double tonnerre !
I’importune les Dieux, du Ciel & de la terre,
De l’air & des enfers, ie fay maint piteux vœu,
Eſpérant vous ayder & delier vn peu
Les liens de la pœur qui tient mon cœur en ſerre.
Et ſ’il m’aduient bien toſt par la faueur des Dieux
De nous reuoir icy, doux plaiſir de mes yeux,
À l’heure vous pourrez me donner deliurance,
À l’heure vous pourrez m’affranchir de la pœur,
Qui va tyrannisant voſtre cœur, & mon cœur,
Puis que le voſtre en moy fait touſiours demeurance.

Si ie connois en vous quelque imperfection,
Si ie connois en vous quelque penſer volage,
Si ie connois en vous un ſuperbe courage,
Qui meſpriſe le cours de voſtre paſſion :