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DE M. DES ROCHES.

Ie veux en Sincero vne douce eloquence,
Vn regard doux & fin, vne graue prudence,
Vn eſprit admirable, & vn diuin ſçauoir.
Vn pas qui ſoit gaillard, mais toutesfois modeſte,
Vn parler gracieux, vn agreable geſte,
Voila qu’en le voyant, ie deſire de voir.

Sincero mon deſir, & mon cœur & ma vie,
Excuſez moy de grace, & ne vous offencez,
Si pourſuiuant le cours de mes vers commencez,
I’accompaigne l’amour avec la ialouſie.
Sincero mon deſir ie n’eu iamais envie
D’aymer autre que vous : mais auſſi ne penſez
D’aymer autre que moy, & ne vous avancez
De chercher autre nœud que celuy qui nous lie.
Ne vous arreſtez point au propos enuieux
Qui veulent reformer la grace de voz yeux,
Leur fineſſe & douceur, ne ſont dignes de blaſme.
Leur fineſſe demonſtre vne ſincerité :
Leur douceur repreſente vne ſincerité :
Car les yeux, Sincero ſont feneſtres de l’ame.

Dittes moy Sincero, que c’eſt qu’il vous en ſemble,
Dittes ſi c’eſt mon œil qui vous a retenu
Ou mon cueur, ou ma bouche, ou ſ’il m’eſt advenu
Pource que i’ay uni leurs trois forces enſemble.
Mon œil dit que mon cueur eſtoit tout en vn trẽble,
Ma bouche ſans diſcours, & qu’il a ſouſtenu
Luy ſeul tous les effors de ce Dieu inconnu,