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LES ŒVVRES

racontant leur peine, le ſupplierent d’y vouloir remedier, venant chercher en la terre un pourtraict de ce qui leur auoit tant pleu au Ciel : auſſi toſt l’Amour ſe prepara pour obeir à ſes ayeux, mais ne trouuant à ſon gré table qui fuſt digne de tenir voſtre belle figure, il ſ’arreſta lõgtemps à regarder la ſincérité de mes pẽſees, & luy ſemblant que ie fuſſe aſſez propre pour executer en moy ſon intention, il engraua voſtre beauté ſi vivement en mon cueur que voz rigueurs, ny le temps, ny la mort l’en ſçauroient effacer : ainſi l’Amour ayant logé voſtre pourtraict dedans mon ame l’eleue au Ciel, afin que les Dieux vous regardant en elle, ne ſoient plus enuieux ſur la condition des mortels : & voila, Madame, comment par la faueur de voſtre beauté ie voiſine les Cieux. C. Ie croy plustoſt que par la faveur de voz propos vous portez mon nom au Ciel (Syncero) & que vous l’en raportez quand bõ vous semble. Or pource que vous deſirez d’eſtre eſtimé amoureux & poëte, vous pouuez feindre ſans en eſtre repris, & moy qui ne pratique ny auec la Poëſie, ny auec l’Amour, ie puis ſeurement vous ouyr ſans adiouter beaucoup de foy à voz parolles. S. Madame, puis que vous n’auez ny amour envers moy, ny foy en mes paroles, je n’ay pas occasion d’eſperer beaucoup en vous : toutesfois moins i’ay d’eſperãce, plus ie deſire qu’il vous auiene com-