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DE M. DES ROCHES.

plus belle vie qu’elles pourroient choiſir. Les trois ſœurs obeiſſantes à ce commandement, la nature par le vouloir de ſon pere y meit la derniere main, & vous formant sur le pourtraict de la plus belle idee, elle vous rendit ſi accomplie qu’elle meſme ſ’en eſmerueilloit. Mais elle fut beaucoup plus eſtonnee quelque temps après pource que l’idee de voſtre beauté, regardant de toutes parts, & n’y voyant rien qui luy fuſt ſi agreable que vous, deſirant d’eſtre touſiours en voſtre compaignie ſe lia eſtroitement en voz bras, de ſorte qu’il ne fut jamais poſſible de l’en retirer. Incontinent les Dieux ſ’aſſemblerent au conſeil pour deliberer ce qu’ils deuoient faire, les uns eſtoient d’opinion qu’il vous failloit retenir, mais la deſtinee ſi oppoſa, & Cloton auoit deſja commencé à filer : les autres diſoient qu’on vous pouuoit bien laiſſer venir en terre, puis vous en retirer ſoudain. Mais nature ne voulut permettre la prompte ruine d’vn ſi bel ouurage : car elle meſme vous amena au monde, afin d’eſtre admiree par voz excellences. Depuis les Dieux, voyant leur demeure priuee de ſon plus riche ornement plaignirent infiniment leur perte, eſſayant de la reparer par vn autre moyen, ils ouyrent dire que le fils de Venus eſtoit le plus excellent peintre qui ſe peuſt trouver, & que pour tout pinceau, il ſ’aydoit de ſon traict ſeulement, ils envoyerent querir ce petit Dieu, & luy