ble aux mortels. B. Ne permettez point cela ma mere. P. Eſcoutez mes enfãs, l’vn de vous n’a pas grand pouuoir ſans l’autre : Toy beauté tu ne ſerois iảmais bien veüe ny deſiree ſans amour, toy amour tu ne ſerois jamais priſé ny reueré ſans la beauté, Pource donc mes enfans ; que voz puiſſances ſont tant vnies, vniſſez voz volontez ; & demeurez paiſiblement tous deux enſemble. A. I’en fuis content ma mere. B. Et moy ie veux biẽ touſiours eſtre où ſera l’Amour mais ie ne veux pas qu’il ſoit touſiours auec moy. P. Comment cela ma fille ? B. Ie veux dire que jamais l’Amour ne ſe trouuera ſinõ aux endrois où il y aura de la beauté mais la beauté ſera biẽ quelquesfois aux lieux où il n’y aura poĩt d’Amour. P. Et l’Amour ne doit il viſiter q̃ les beaux ? B. Ouy biẽ ſ’il veut ma mere, ie ne m’en foucie pas, ſeulemẽt ie vous ſuplie de m’aſſigner lieu où ie puiſſe demeurer ſans luy P. Va t’en où Diane eſt adoree, & te cache ſouz le voile des ſainctes ſœurs, Amour ne te cherchera pas là. B. O ma mere, il n’ẽ bouge quaſi, ie ne ſçaurois eſtre moins aſſeuree en lieu du mõde, car la beauté moins veuë eſt plus ardẽmẽt deſiree. Mais ie m’en iray chez Pallas au-moins ſ’il vous eſt agreable, ainſi ie me ſauueray de la tyranie d’Amour par les liures, par les ouurages, & par les yeux de la Meduſe. P. Or va donc ie le veux bien. A. Et moy n’oſerois-je y aller ma mere ? P. Si tu y vas tu demeurras priſonnier, encore
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DE M. DES ROCHES.