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LES ŒVVRES

pas de vous en aller, penſez vous que ie vueille eſtre guidee par vn aueugle ? A. I’ay bien monſtré que ie ne l’eſtoie pas en vous voyant, aſſeurez-vous qu’Amour voit touſiours fort clair en preſence de la beauté, mais ceux qui ayment les perſonnes laides & par leurs folies les eſtiment belles, ſont veritablement aueugles, & me font tenir pour tel encores qu’il ſoit tres faux, comme vous auez peu connoiſtre. B. Pourquoy dõc portez vous ce bandeau ſinon pour cacher l’imperfection de voz yeux ? A. C’eſt vne de mes ruſes, afin que me voyant en tel equipage, les hommes ne ſe deffient iamais que le leur puiſſe faire la guerre. B. Comment, vous eſtes donc vn traiſtre ? ha ie m’en vay bien loing de vous A. Non ferez pas ſ’il vous plaiſt, & que vous ſert il de fuyr, vous ne ſçauriez deuancer mes ailes. B. Allez allez, ne me fuiuez point, retirez vous : mais ie pẽſe que ie vay à temps pour vous chaſſer d’aupres de moy la fille aiſnée du Createur tout puiſſant. Ouy vrayement, c’eſt Phyſis meſme, Dieu vous gard ma mere, ie vous ſuplie qu’il vous plaiſe me deliurer de ceſt importun, quelque part que ie ſois touſiours il me cherche, & iamais ne me laiffe. A. Ma bonne mere Phyſis, ſi iamais ie fey choſe qui vous pleuſt, mõtrez le vous prie de m’en ſçauoir gré, commandez à celle cy qu’elle demeure touſiours auec moy, afin que les graces me rendent plus agrea-