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DE M. DES ROCHES.

auant que ie fuſſe arriuee. P. Va doncques chez les Treſoriers. F. Ie ne le veux point, car encor que bien ſouuent ils facent grand’chere, ils ſont quelques fois ſi attentifs au jeu, que pour luy ils fraudent leur appetit de ce qui luy eſt deu. P. Va ſi tu veux voir les Iuges, & te mets dedans leurs cheres. F. Voſtre conſeil n’eſt pas raiſonnable, il faut qu’vn Iuge ait bonne ouye, & l’on dict qu’vn homme affamé n’a point d’oreilles. P. Te vaudroit il point mieux aller chez les Conſeillers ? F. Ils me conſeilleroient auſſi toſt de me retirer, vſant de leurs offices. P. Va te rãger auecque les Aduocats pour apprendre leurs harangues. F. Ils ne diroient rien de bon en ma preſence, les cornemuſes ne rendent aucun ſon quand elles ſont vuides, & les Aduocats ne peuuent biẽ plaider quand ils ſont affamez. P. Va t’en donc auecque les marchans. F. Nõ feray pas pour y ſejourner, car en peu de temps ie les rendroye ſi foibles qu’ils ne pourroient aller en marchandiſe, ny vſer de leurs trafics accouſtumez. P. Et que t’en ſoucie tu ? F. Si fay vrayement pource que tout auſſi toſt vous viendriez en campaigne, & les empeſcheriez de me faire du bien, ores qu’ils en auroient deſir. P. Penſes tu que ie te ſois tant ennemie ? F. Ce n’est pas que vous ayez volonté de me nuire mais vous leur feriez perdre le moyẽ de m’ayder. P. Ha, a, que tu fais de mines pour vne chétiue beliſtreſſe, & va va te cacher dedãs