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autre œil une mort aussi glorieuse ! que notre fils te rappelle à la vie ! parle-lui souvent de moi, dis-lui qu’il suive mon exemple : on a souvent dans ma famille versé son sang pour la cause de ses souverains ; répète-lui que je mourus pour mon Dieu, mon prince et nos lois ! Qu’il imite mon exemple, et que quelque jour, s’il le faut, il regarde sans pâlir le sort qui l’attend.

La comtesse ne l’écoutait pas ; elle luttait entre la vie et la mort. D’Oransai l’embrassant, pour la dernière fois, prie un ami, qui l’avait accompagnée, de la ramener chez elle. On l’emporta privée de sentiment, et elle ne revint à elle que lorsque son époux n’était plus !…

Le comte vit alors entrer dans la prison un prêtre, non de ceux qui, fidèles à leur devoir, préféraient le trépas, l’exil à leur déshonneur ; mais un de ces prêtres misérables qui, sourds à la voix de leur conscience, affichaient leur dépravation, leurs excès ; qui se rendirent l’objet du mépris public, et que partout désapprouvait la voix générale. — Retirez-vous, monsieur, lui dit le comte : l’être assez lâche pour renoncer à son caractère, doit-il m’encourager à mon dernier instant ? M’apprendrez-vous à mourir, vous qui n’avez pas osé perdre votre vie ! Le méchant se retire ; et le comte resté seul, se jetant à genoux sur la pierre froide, éleva son âme vers son Créateur… L’heure sonna… — Tenez, mon ami, dit d’Oransai à un des sol-