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murmure flatteur qui ajouta à la rage des juges iniques. Un d’entr’eux l’interrogea en ces termes :

— Comment t’appelles-tu ?

— Jules-Constantin-Alexandre d’Oransai.

— Ton âge ?

— Trente-six ans.

— Qu’étais-tu ?

— Gentilhomme et militaire.

— As-tu prêté serment à la République ?

— Non.

— Pourquoi as-tu agi ainsi ?

— J’avais prêté serment de fidélité à mon roi légitime, et rien ne peut me permettre de le parjurer.

— Tu conspires ?

— Tranquille dans ma famille, me reposant sur ma loyauté, je ne conspirais pas.

— Tu nous en imposes.

— Citoyens, dit le comte en se tournant vers le peuple, est-il quelqu’un parmi vous qui puisse m’accuser d’avoir faussé ma parole ?

— Non, non, fut le cri général.

— Je vois bien que tu as caballé pour organiser une contre-révolution ; mais on ne veut point te condamner sans t’entendre : tu peux parler pour ta défense.

— Eh ! de quel crime peut-on l’accuser ? s’écrie impétueusement la comtesse qui s’élance hors de la foule dans laquelle elle s’était cachée jusqu’alors. Qui, plus que d’Oransai, a mérité de ses compatriotes ? Quelle est la famille