Page:Rochemond - Mémoires d’un vieillard de vingt-cinq ans, 1887.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
69

Comme ce père assez maussade et ridicule personnage, voulut user des droits de la guerre, en retenant quelques livres que j’avais prêtés à sa fille, je lui écrivis une lettre qui était un chef-d’œuvre d’impertinences et de persiflage. Voilà mon homme qui prend feu, il me répond, et méchamment adresse son épître à madame ma mère, comme s’il ne l’avait fait que par inadvertance. La comtesse, en femme d’esprit, lui répondit qu’elle ne se mêlait que de mes plaisirs et jamais de mes querelles ; et le vilain, d’être furieux.

Six ou sept ans après, un des frères de Sophie voulant me persifler, me dit : — Je connais une personne qui prétend que lorsque tu n’étais qu’un morveux, tu avais voulu lui faire la cour. — Personne mieux que cette belle n’a le droit de me traiter de morveux, car je me suis souvent mouché dans ses doigts. La réponse, digne d’un écolier, me fut pardonnée par le bon Exupère.


Rochemond - Mémoires d’un vieillard de vingt-cinq ans, vignette fin de chapitre
Rochemond - Mémoires d’un vieillard de vingt-cinq ans, vignette fin de chapitre