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dit Élise en couvrant avec ses mains ses beaux yeux remplis de larmes. Pour Alexandre, il s’était relevé avec précipitation, et debout, immobile, la rougeur du coupable sur le front, il avait perdu son assurance ; il ne savait plus que craindre et se taire.

— Jeune homme, lui dit le vieillard, devais-je m’attendre à cette trahison de votre part ? Accueilli dans ma maison, vous y avez paru pour séduire mon Élise ! vous lui déclarez vos sentiments, et je les ignore ! vous avez donc de criminelles intentions, puisque vous n’osez point me les avouer ? Que faisiez-vous ici ? quel était votre projet ? Parlez, j’ai le droit de vous interroger, et votre honneur, à qui j’en appelle, vous ordonne de me répondre. —

Monsieur, monsieur, disait Alexandre en balbutiant, j’adore votre fille ; vous connaissez mon rang, ma famille, vous savez…

M. DE CLAGNI.

Je sais que vous venez de faire un rapide voyage ; sans doute que vous n’avez couru à Nantes que pour demander le consentement du comte, votre père, quoique vous eussiez dû vous assurer du mien auparavant !

ALEXANDRE, faisant un effort sur lui-même.

Non, monsieur, je ne le rapporte point le consentement de mon père ; il me l’a refusé.