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mère adorée ! mais l’amour, plus fort que tout, remporta une seconde victoire. Alexandre sut même si bien faire que la comtesse, gagnée par son adresse, lui promit de s’intéresser au succès de son entreprise, et ne lui cacha pas que ce serait avec plaisir qu’elle donnerait le nom de fille à cette Élise que son Alexandre aimait avec tant d’ardeur.

La menace faite par le comte, à d’Oransai, d’aller trouver M. de Clagni, inquiéta ce jeune homme : il craignit que son père ne fût prévenir celui de son Élise, et qu’ainsi on n’établît entre eux une barrière insurmontable. Cette pensée revenant se placer à tout moment dans le cœur d’Alexandre, il prit sur-le-champ une nouvelle résolution qu’il exécuta avec impétuosité : il se hâta d’écrire un mot à sa mère pour la rassurer ; et sans plus réfléchir sur la démarche qu’il allait faire, il repartit à l’instant même. Son voyage se fit avec une extrême promptitude ; et Élise qui ne pensait point le revoir de sitôt, fut surprise étrangement lorsqu’Alexandre se présenta devant elle. Dans le premier moment, elle crut qu’il apportait la permission si ardemment désirée ; mais les paroles entrecoupées de son amant qui s’était jeté à ses genoux, lui apprirent bientôt la pénible vérité.

— Ciel ! monsieur le lieutenant-colonel d’Oransai aux genoux de ma fille !” s’écria M. de Clagni, en paraissant dans le salon. — Mon père !