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les bras ouverts et l’embrassa tendrement ; Alexandre répondait à cette marque d’amour paternel lorsque son père se dégageant lui dit :

— Venez-vous, fils docile, pour m’obéir ?

ALEXANDRE.

Je viens, mon père, pour vous demander un consentement que vous ne pouvez me refuser.

LE COMTE, avant de répondre.

Monsieur, veuillez, je vous prie, lire la lettre que je vous écrivais lorsque je reçus la vôtre.

ALEXANDRE, lisant à haute voix.

La fortune, mon cher fils, se plaît à couronner les succès et la bonne conduite : dans le temps que vous vous signalez aux champs de l’honneur, on m’offre pour vous un mariage qui comble mes espérances. Dans la carrière militaire, comme dans toute autre, il est nécessaire d’avoir quelque protection pour avancer avec plus de vitesse ; le grade de colonel doit être l’objet de votre ambition. Eh bien, il ne dépend que de vous de l’obtenir, si vous le voulez, en acceptant, avec le brevet qui vous le donnera, la main de la nièce d’un ministre, parent de notre famille. Je ne doute pas de votre consentement ;