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sans bornes, dans une affaire qui doit décider de son bonheur ? Telles étaient les diverses réflexions qui passaient rapidement dans les idées d’Alexandre : il fallait pourtant prendre un parti ; après une longue indécision, il ramasse le funeste écrit et va le porter à son amie.

Élise était seule quand d’Oransai entra ; elle vit leur malheur peint sur sa figure : il ne put proférer une seule parole, et dans un silence douloureux il lui présenta le papier, cause de son désespoir. Élise l’ayant lu d’un coup d’œil :

— Il faut obéir, dit-elle.

ALEXANDRE.

Obéir ! Vous voulez que je vous quitte, que j’aille loin de vous faire le serment de renoncer à ce que j’ai de plus cher au monde !

ÉLISE.

Votre père ne vous dit pas un mot qui doive faire naître vos craintes à ce sujet.

ALEXANDRE.

Ne devait-il pas me témoigner combien il ressentait de satisfaction de l’hymen honorable que je voulais contracter ?

ÉLISE.

Peut-être qu’il désire éprouver votre cœur.