Page:Rochemond - Mémoires d’un vieillard de vingt-cinq ans, 1887.djvu/541

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
252

qui me fus toujours cher, toi qui me l’es encore, hélas ! en ce moment, ce n’est que toi que je regrette ; ce n’est que sur toi que je pleure. Ô ! Émilien, que vous seriez grand, si, content de ma mort, vous rendiez la liberté à Philippe, ainsi qu’à son épouse !

PHILIPPE.

Généreuse Clotilde !

HONORÉE.

Que je vous plains.

CLOTILDE.

Philippe, ne t’ai-je pas dit que tu m’avais toujours mal connue ? mais, me pardonnes-tu ? oublieras-tu mes erreurs ? te rappelleras-tu d’une infortunée à qui tu fus bien cher ? ah ! ton trépas va suivre le mien ; adieu (elle boit le poison). C’en est fait, pardonne-moi.

PHILIPPE.

Oui ! je vous pardonne ; voyez couler mes larmes.

CLOTILDE.

Je meurs contente puisque ton cœur s’est rouvert pour moi ; et toi, ô mon Dieu !… ah !… quelles douleurs ! La violence du poison lui coupe la parole ; elle tombe sur le plancher ; elle pousse des hurlements horribles ;