Page:Rochemond - Mémoires d’un vieillard de vingt-cinq ans, 1887.djvu/540

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
251

ÉMILIEN.

Ne m’as-tu point préféré Philippe ? N’as-tu point voulu toi-même ma mort ?

CLOTILDE.

Moi !

ÉMILIEN.

Toi ! démentiras-tu ta lettre ?

CLOTILDE, après avoir lu la lettre
qu’Émilien lui présente.

Ne tarde plus à me punir. Oui ! j’ai cherché à t’arracher une odieuse vie ; je ne te demanderai pas de prolonger la mienne ; je sens que mes jours ont été comptés, et que celui-ci fut marqué pour être le dernier de mon existence ; Émilien, c’est toi qui m’as conduite jusqu’au bord de l’abîme, et c’est toi qui m’y précipites ; tu fus l’instigateur de mes crimes ; tu veux en être le vengeur, mais tu me suivras bientôt. Non ! je ne puis pas croire que le ciel te laisse encore longtemps pour commettre des forfaits misérables. La mesure est comblée. Oui, oui, je vous devancerai dans la tombe de peu d’instants ; ce vase renferme sans doute le breuvage mortel que tu me destines : hâte-toi donc de me le donner ; je veux qu’une femme t’apprenne à mourir (le vase est remis dans ses mains) ; et toi, Philippe, toi, que j’ai poursuivi avec tant d’acharnement, toi