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PHILIPPE.

Si telle est leur pensée, si votre sort doit être le nôtre, hâtez-vous de vous y résigner ; implorez avec nous le ciel, et cessez de frémir d’un trépas inévitable.

CLOTILDE.

Que toi, que ton amante, vous voyiez la mort sans une terreur extrême, je puis le concevoir ; votre vie n’a point été souillée par les forfaits ; vous n’avez point de châtiment à attendre ; mais moi que ne dois-je pas redouter du moment terrible qui me mettra en présence de l’Être Suprême et rémunérateur de mes actions ! Que pourrai-je répondre aux accusations de mes victimes ? elles m’accableront. Eh ! pourquoi le doute n’est-il pas resté dans mon cœur ! peut-il y rester quand s’approche le terme de notre vie ? Plus d’athéisme, plus d’incrédulité quand on sent déjà la main divine pesant sur notre front.

PHILIPPE.

Eh bien ! ce Dieu que vous reconnaissez maintenant, s’il est sévère est encore plus miséricordieux. Clotilde, il en est temps encore, implorez sa clémence, reconnaissez vos fautes. Ô oui ! Dieu aime que le pécheur revienne à lui ; les portes du céleste séjour ne sont jamais fermées à celui qui se repent.