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rêver profondément ; le bruit de notre marche, qui retentissait sur le pavé de marbre, l’arracha à sa rêverie ; elle se retourna pour nous voir, et malgré la pâleur, la consternation empreinte sur ses traits, en frémissant, je reconnus Clotilde ; en me voyant, en m’apercevant avec Honoré, elle se leva avec précipitation.

CLOTILDE.

Ces deux fantômes me poursuivront-ils toujours ? viennent-ils m’annoncer que la justice divine à sonné ma dernière heure ?

PHILIPPE.

Non, madame, nous vivons encore, c’est à nous à vous demander quel est le traitement que vous nous préparez ?

CLOTILDE.

Le sais-je, sais-je moi-même celui qui m’attend ? oui, je sais le mien, il doit être affreux s’il est destiné à punir tout le mal que j’ai fait dans le monde ; ils ont donc su vous conduire ici ? y avez-vous été traînés comme moi ?

PHILIPPE.

Se pourrait-il que Clotilde ne commandât point dans ce château ?

CLOTILDE.

Y commander ? j’y suis prisonnière, j’y attends le supplice.