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vironnantes ; mais on n’a encore eu aucun renseignement, mes recherches ont toutes été infructueuses ; on vous décrirait mal le désespoir de la comtesse, de madame de Ternadek. le mien, et généralement celui de tous les amis de Philippe. Maxime, se pourrait-il que le trépas frappât ces deux têtes charmantes ! Affreuse idée, pourquoi vient-elle me désespérer !


(Ici finit la correspondance ; le reste fut écrit quelque temps après par Philippe, mais ne fut point adressé à Maxime ; car cet ami véritable, en apprenant le danger de d’Oransai, s’empressa de voler à Nantes, où il le retrouva.)


Voyant déjà luire en espérance le jour prochain de notre heureuse union, Honorée et moi, nous abandonnant à des rêves agréables, nous fûmes, loin du bruit, nous entretenir de nos projets à venir ; des idées délicieuses nous berçaient ; nous étions ensemble, tout désormais devait s’embellir pour nous. Enfoncés dans nos réflexions, nous nous éloignâmes du reste de la société. Nous avions déjà dépassé un petit pont chinois, quand je sentis qu’on jetait sur ma tête un linge qui enveloppa tout mon corps. En un moment je fus lié ; on me plaça un bâillon dans la bouche, mes yeux furent bandés, et Honorée