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les suivirent ; bientôt ils restèrent seuls ; depuis lors on ne les à point revus : on ne s’aperçut point d’abord de leur absence ; mais au souper, voyant qu’ils ne paraissaient pas, on envoya des domestiques à la découverte ; déjà les plaisants s’égayaient quelque peu aux dépens des futurs époux ; mais la gaîté se changea en une profonde tristesse, quand Robert, le vieux valet de chambre du vicomte, vint apporter à la comtesse une lettre qu’un individu venait de lui remettre. À l’instant madame d’Oransai s’empresse de briser le cachet ; elle lit ce que je vais vous transcrire.


Ton fils, ta nièce, avant deux heures ne seront plus ; ils ont voulu toujours nous braver, ils sont les causes premières de notre perte, ils doivent en porter la peine.


À cette lecture effroyable, la comtesse s’évanouit, les femmes s’empressent autour d’elle, tandis que le général Hippolyte, le marquis de Montolbon, moi, Armand, Louis d’Arsan, et quelques autres, nous courons de toutes parts pour sauver, pour arracher, s’il est possible, ce couple infortuné aux scélérats qui veulent leur mort. En un instant la nouvelle de cet enlèvement parvint jusqu’à Nantes. Les autorités civiles et militaires s’assemblent sur-le-champ ; on donne ordre à toutes les troupes de se mettre à la quête des ravisseurs ; d’heure en heure il part des courriers pour les communes en-