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Madame Derfeil, quelques heures après sa tentative, quitta Nantes : on espérait qu’elle cesserait de nuire à un homme qu’elle avait trop longtemps poursuivi. Fausse espérance ! elle ne s’éloigna sans doute que pour mieux préparer les derniers coups dont elle voulait le frapper. Depuis longtemps aussi on n’entendait plus parler d’Émilien ; le monstre vivait encore ; selon toutes les apparences, il a dirigé la nouvelle entreprise dans laquelle notre ami et son amante ont enfin succombé. Hier, la comtesse d’Oransai donna une fête charmante à sa belle terre de Montjoli, vous savez que ce château à une très-petite distance de Nantes ; toute la société y était réunie ; rien ne fut épargné pour faire de cette journée une journée délicieuse : elle devait être comme le prélude de celle de l’union d’Honorée et de Philippe ; journée qu’on avait fixée pour mardi prochain.

Dès que la nuit fut profonde, le jardin se trouva illuminé avec goût et promptitude ; les danses, les jeux nocturnes commencèrent. Alors on se rapprocha de la grande pièce de gazon, dans laquelle on avait établi la salle du bal, parée de guirlandes et éclairée par des verres de couleur. Après quelques contredanses, Philippe, prenant la main de mademoiselle de Barene, engagea celle-ci à venir se promener pour prendre l’air, car la chaleur était étouffante ; plusieurs groupes les