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les forces l’abandonnant, elle tombe évanouie sur le plancher. Lisez, dis-je, lisez, vous qui avez pu consentir à me laisser conduire dans le plus exécrable des pièges. »

« Monsieur Philippe, me répond-on, monsieur Philippe, ah ! tout est expliqué. Sortez, laissez une femme digne de notre mépris. »

— « Jamais, leur dis-je, je n’eusse poussé la vengeance aussi loin ; et toi, vil satellite d’une furie, faible et lâche Adelphe, m’écriai-je, c’est, toi qui dois payer et pour toi et pour elle. Oseras-tu me suivre au champ d’honneur ? les perfides rarement en ont le courage. »

— « Oui, oui, me dit-il d’une voix étouffée, je vous satisferai ; marchons sur-le-champ. » En vain quelques personnes de la société cherchent à nous calmer, il n’est plus temps ; on ne peut arrêter ma colère ; le devoir parle trop impérieusement dans mon cœur. Nous sortons laissant Clotilde toujours évanouie ; Adelphe et moi nous allons chercher des armes. Armand de Sérac consent à être le second de Melclar ; Charles réclame notre amitié pour que je le choisisse ; je n’en eus pas pris un autre. Nous volons au lieu du rendez-vous.

« Philippe, me dit Adelphe, voulez-vous employer les pistolets ? » — « Non, lui répondis-je, nous sommes gentilshommes, c’est l’épée qui doit être notre arme. » Nous ne tardons pas à nous attaquer. Poussé par la fureur, je combats avec une espèce de rage ; Melclar, plus