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PHILIPPE.

Les exagérer, Adelphe ? ah ! la vérité est mille fois au-dessus de tout ce que j’ai pu en dire ; vous frémiriez vous-même si je déroulais à vos yeux l’affreux tableau de l’odieuse conduite de Clotilde.

ADELPHE.

Non, Philippe, vous ne pouvez plus longtemps me cacher ce qu’il faut que j’apprenne ; je ne vous tairai point que madame Derfeil a su toucher mon cœur. Éclairez-moi sur le danger que je cours ; faites-moi connaître son caractère, que sans doute je n’ai vu que de son côté brillant. Au nom de l’amitié, au nom de Maxime, notre ami commun, parlez, parlez, je vous en conjure !

PHILIPPE.

Eh bien ! puisque vous le voulez, je ne vous déguiserai rien ; vous connaîtrez à fond le caractère de cette femme dangereuse.

Alors j’ai raconté à Adelphe toute la vie de Clotilde ; je l’ai prise dès son berceau ; j’ai parlé d’un certain Joseph… quelle horreur !… J’ai nommé les amants qu’elle avait fait monter à l’échafaud ; les dilapidations dont elle s’était rendue coupable, d’intelligence avec Émilien ; les crimes qu’elle avait partagés avec celui-ci, ses débauches, ses fureurs, l’empoisonnement dont je devais être la victime ; enfin