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duc ; une longue maladie le conduisit au tombeau ; avant le moment terrible il fit appeler sa fille.

« Honorée, lui dit-il, c’est à ma dernière heure que je dois réparer mes torts envers vous. »

HONORÉE.

Vous, mon père ; vous, des torts ?

LE DUC.

Oui, ma fille : trop obstiné peut-être à la défense d’une cause que le ciel ne soutient pas, je vous ai contrainte à partager mon exil, je vous ai séparée d’un parent qui vous est bien cher ; mes malheurs ont été les vôtres, mon bonheur, je vous le dois. Ah ! que je puisse du moins aujourd’hui vous en récompenser, s’il m’est possible ! Honorée, je vous commande même, de prendre pour époux votre cousin Philippe.

HONORÉE.

Mon père !…

LE DUC.

Dès que mes yeux se seront fermés sans retour, partez pour la France ; si j’en crois de certaines nouvelles, mes biens n’ont pas été spoliés, le souverain qui règne dans ce beau pays est juste ; il vous rendra une fortune qui, réunie à celle du vicomte d’Oransai,