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sormais amant, époux d’Honorée, à elle seule se consacrera toute ma vie ; je me croirais bien coupable si je ne rapportais pas à cette tendre amie tous les sentiments qui peuvent m’animer.

Je t’ai dit dans le temps que le duc de Barene fut chargé d’une mission secrète qui le fit partir pour la Russie ; sa fille ne voulant point l’abandonner partagea avec lui les fatigues de ce voyage lointain. Le séjour du duc nécessité par d’importantes affaires, se prolongea beaucoup plus qu’il ne pouvait le croire, plusieurs années s’écoulèrent ; ainsi Honorée, toujours le modèle des enfants, renfermant dans son cœur ses peines secrètes, n’apprit jamais à son père avec quelle impatience elle désirait de revoir et son amant et sa patrie. M. de Barene la voyant si calme à l’extérieur, ne douta plus qu’elle ne m’eût oublié ; il lui proposa plusieurs partis, entre autres, le prince de G... que mon Honorée refusa, comme elle avait déjà refusé tous les autres.

Sur ces entrefaites, le marquis de Montolbon vint la rejoindre ; la présence de ce fidèle ami lui rendit quelque satisfaction ; il sollicita vivement M. de Barene de rentrer en France ; mais ce fut en vain : ce seigneur conservant toujours ses premiers sentiments, avait pour jamais renoncé à revoir les lieux qui l’avaient vu naître. Honorée perdait tout espoir de se rapprocher de moi, quand la mort frappa le