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était entrecoupée, son sein agité, son œil en feu ; j’étais aimé, nous étions seuls. Ô Maxime ! nous fîmes ce qu’on fait toujours à notre âge, lorsqu’on n’est que deux, et lorsqu’on ne se déteste point. Ce gentil boudoir fut le témoin de nos plaisirs. Ah ! ils ont été trop grands pour que j’essaye de les retracer. Maxime ! peins-toi la seconde des grâces, et tu pourras te former une idée des beautés de Mathilde. À ces charmes extérieurs, elle joint un esprit cultivé, des connaissances solides : elle joue plusieurs instruments ; elle compose elle-même de fort jolies romances, dont elle fait encore la musique ; elle brode avec perfection, elle danse… Pour ce dernier talent, tu connais combien peu je l’estime : à mes yeux il n’est rien s’il n’éclipse tous les autres. Mathilde, née dans les provinces méridionales de la France, a tout le feu, toute l’impétuosité de ces brûlantes contrées ; ses passions sont énergiques ; elles se développent sur une mobile figure que pare une profusion de cheveux noirs, de sourcils plus noirs encore ; ils s’arquent sur des yeux du plus bel ébène ; mais la peau est de l’albâtre sur lequel se refléterait un bouquet de roses. Je m’arrête, il est d’autres charmes dont je sais jouir, mais dont je ne veux point t’entretenir. En un mot, Mathilde est si belle, que je me suis juré, dans ses bras, de ne plus chercher de nouvelles conquêtes, jusqu’au retour d’Honorée. En vérité, Maxime,