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ROMANCE.

Ah ! dans ce jour où la tristesse,
Vient assiéger mon sombre cœur,
D’un seul nom la magique ivresse,
Parfois sait charmer ma langueur,
Celui que j’aime à son jeune âge
Est bien digne de me charmer :
Ses traits, son renom, son langage,
Tout en lui devrait enflammer.

On dit que son âme volage,
Trompe, et ne veut point se fixer
On dit qu’il ne fut jamais sage,
On dit qu’un mot peut le blesser ;
Mais on dit aussi qu’il sait plaire.
Par son esprit, par sa gaîté ;
De Mars, de l’enfant de Cythère,
Il est, dit-on, l’enfant gâté.

L’étourdi souvent se parjure,
Vient-on me dire tous les jours ;
Il a causé mainte blessure,
Sans cesse il trahit ses amours ;
N’importe, dans mon vain délire,
Je ne saurais lui résister ;
Ah ! si pour moi ton cœur soupire,
Philippe je veux t’écouter.

Transporté de joie, en écoutant une telle romance, je veux lui répondre ; je me place à un piano qui se trouve auprès de moi et après un léger prélude, ma voix se fit entendre :