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l’intention de faire une visite à Mme de Ternadek. En arrivant, le portier me dit que cette dame était revenue à Nantes pour quelque affaire, qu’en s’éloignant, elle avait laissé l’ordre de prier les visites qui pourraient lui venir, de vouloir bien attendre son retour ; je ne fus point fâché de cette disposition ; je ne voulus point de prime abord demander mademoiselle de Téligni. Je descendis de ma voiture et suivis une femme de chambre qui vint m’ouvrir l’appartement de madame de Ternadek. Je restai environ une heure occupé à lire les Provinciales que je trouvai sur une table ; ce livre inimitable m’intéressait extrêmement. Je riais aux dépens de la compagnie de Jésus, lorsque le son d’une harpe parvint jusqu’à moi : je me levai de dessus mon siège et je parcourus l’appartement pour apprendre d’où partaient les accords qui me charmaient ; j’aperçus une porte d’une forme égale à celle de la boiserie d’un petit boudoir ; je la poussai, elle me donna l’entrée dans une galerie revêtue de riches peintures ; cette galerie renfermait plusieurs instruments de musique ; au bout opposé à celui par lequel j’étais entré, il se trouvait une seconde porte dont je m’approchai ; alors, regardant au travers le trou de la serrure, je reconnus Mathilde qui jouait quelques légères variations ; j’allais me présenter devant elle, quand elle se mit à chanter une romance en ces termes :