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de confusion. Elle dit, et gardant le plus cruel sérieux, elle ouvre la porte du cabinet ! Euphrosine en sort avec précipitation ; son époux est à ses pieds. Ambroisine le persifle, tandis que je me tiens à quatre pour ne pas éclater. Je te laisse à penser l’excès de notre surprise lorsque nos entendîmes le commencement de cette inimaginable conversation. Quoique dans mes bras Euphrosine se mourait de peur ; quand elle parut, l’émotion du plaisir, celle de la crainte se confondaient sur son charmant visage. Le bon Marcel crut que ces signes étaient ceux du dépit ; il implora son pardon, il cria merci : enfin on reçut ses excuses, et il reconduisit chez lui son épouse vengée, pendant que lui était c..., battu et content. Je te dépeindrai mal la gaîté d’Ambroisine et la mienne. Lorsque ce couple rapatrié se fut retiré, nous fîmes encore des folies ; mais comme je voulais paraître à la soirée de madame de Ternadek, je me séparai de ma nouvelle amie, non sans nous être promis de nous revoir le plus souvent que nous pourrions. Il était tard lorsque j’arrivai chez madame de Ternadek. Imagine-toi, Maxime, l’étendue de ma surprise, lorsqu’en entrant dans le salon j’aperçus Charles de Mercourt, debout, devant une fenêtre, et causant avec la belle de Téligni… Ici je quitte la plume. Charles t’écrira demain sa conversation avec cette jeune personne, et puis je reprendrai ma narration.