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je me décidai à sortir malgré les apparences de l’orage, dans l’intention d’aller faire une visite de politesse à Madame de Nelsor. Je marchais assez vite quand un coup de tonnerre épouvantable se fait entendre, il déchire la nue, en un instant je suis environné de feu et couvert d’eau ; je cherchai promptement un asile, la maison de madame de Closange était à quelques pas de moi ; je franchis la distance qui m’en séparait, me voilà montant les degrés, frappant à la porte de l’appartement, ne trouvant personne, m’introduisant, et parvenant enfin jusque dans la chambre de la toute jolie Ambroisine. Tu n’as jamais vu cette jeune personne, sœur cadette de cette charmante Euphrosine, avec laquelle aux premiers jours de mon adolescence nous avions échangé ce qu’il est si doux d’abandonner à l’objet qu’on aime.

Ambroisine est vraiment jolie, ses cheveux blonds sont de la couleur la plus agréable, ils tombent avec profusion sur ses blanches épaules ; plus souvent les nattant avec art, elle les attache avec goût par un peigne d’une élégante forme : elle n’est point grande, mais sa taille est pleine de grâce, quoique les formes en soient peut-être trop prononcées. La bouche d’Ambroisine est parée par des dents du plus pur ivoire, et surtout par un sourire dont le charme est inexprimable ; ses yeux sont d’un noir très foncé, sa peau, son teint animés du plus éclatant coloris dont s’embel-