Page:Rochemond - Mémoires d’un vieillard de vingt-cinq ans, 1887.djvu/472

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
183

la promenade doit lui faire du bien ; elle accepte par complaisance, nous remercie de nos attentions. Sa nièce ne nous dit rien ; mais ses beaux yeux se tournèrent vers nous, et nos cœurs prétendirent que ses remercîments valaient bien ceux de sa tante ; cependant nous sortons. Jenni, cousine de Charles, s’empare de son bras ; j’offre le mien à mademoiselle Mathilde (c’était son mon) : elle accepte. Ma main tremble, celle de Mathilde frémit aussi ; cette belle rougit ; nos bouches s’ouvrent, et le mot intéressant, la journée est superbe, nous échappe à tous les deux en même temps. Tu dois rire, Maxime, de ton féal ami ; mais arrête-toi : le premier tour de promenade va rétablir ma réputation, et prouver à mademoiselle de Téligni que je sais parler quelquefois. Une femme d’une riche taille, parée comme un autel, passe auprès de nous ; elle nous fournit le premier aliment à la conversation, qui s’engagea de la manière suivante :

MATHILDE.

Voilà une magnifique femme ; sa tournure semble commander le respect.

PHILIPPE.

Mais elle serait bien fâchée qu’on eût pour elle ce respect qui devrait être l’apanage des personnes de son sexe. Sa parure lui coûte des sommes énormes, et madame d’Erville