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coup d’œil. Le hasard nous place auprès d’une dame âgée, dont l’énorme voile, le gros livre doré sur tranche nous annoncent la vaste dévotion. À ses côtés, sous un vaste chapeau de velours noir, se cachait la plus jolie figure que le temple renfermait : la beauté de cette jeune personne frappe en même temps Charles et moi.

« Comment trouves-tu cette figure ? »

— « Céleste ! me répondit-il ; je sens qu’il ne m’en coûterait pas beaucoup pour l’aimer à la folie.

— « Touche-là, Charles ; je t’en dis de même. »

— « En vérité ! »

— « Sur mon honneur ! »

— « Eh ! bien, amis rivaux, essayons tous les deux de lui plaire, et le plus heureux de nous… »

— « Engagera son ami à se consoler. » Nous disons. Notre marché conclu, nous nous préparions à chercher les moyens de lier connaissance, lorsqu’un événement imprévu aplanit presque toutes les difficultés. La chaleur était excessive ; la vieille dame ne put y résister ; elle s’évanouit. Nous volons à son secours. Nous l’emportons chez madame de Montalbain, tante de Charles, qui connaissait la dame malade. Là, nos flacons sont offerts ; bientôt les soins que l’on prend de madame de Téligni (c’était son nom) parviennent à lui rendre l’usage de ses sens. Madame de Montalbain assure que