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naissance, on disait toujours de lui ce peu de mots : C’est un honnête homme.

Alexandre, savait quel sentiment inaltérable unissait le comte d’Oransai et le chevalier d’Entremont ; il assura ce dernier de son obéissance sans bornes. Le major causa peu avec lui le premier jour, mais les jours suivants il l’initia dans ces riens qui cependant sont tout, soit dans le monde comme dans les garnisons. Grâces aux soins d’Entremont, Alexandre, par ses gaucheries, n’inspira point aux sots ce sourire de supériorité dont ils osent souvent accueillir l’homme d’esprit qui dédaigne s’instruire de leur jargon. D’Oransai plut généralement ; son extrême facilité ne permit point de lui adresser des reproches sur une morgue, une réserve quelquefois injurieuse que des nouveaux venus se permettent quelquefois. Il fallait cependant le tâter. Le tâter !!! Connaissez-vous ce que veut dire ce mot, lecteur ? Non. Eh bien je vais vous l’apprendre. Un nouvel officier arrive dans un régiment, il y porte l’amour pour son état, l’envie de servir son souverain. Il est l’espoir d’une famille qui de lui attend l’illustration ; son courage, ses talents militaires doivent être funestes aux adversaires de l’État. Vous pensez que rien ne doit s’opposer à ces généreuses envies : détrompez-vous, la mort qu’il porterait dans les rangs des ennemis, il la reçoit de son compatriote, d’un homme qu’il n’a point offensé,