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voir pu nous lier un personnage d’une telle importance, je lui communiquai le plan que j’avais formé pour nous défaire de celui dont la vie nous est odieuse. Il s’agissait d’aller se placer sur le chemin de Nantes, lorsque Philippe y passerait, suivi d’un seul domestique ; je ne doutais pas que nous deux escortés de la douzaine de braves que nous avons sous nos ordres, nous ne vinssions à bout du fanatique Vendéen : D… accepte. Nous nous rassemblons à l’endroit désigné ; mais un orage épouvantable nous disperse. Philippe suspend sa marche, s’arrête même au château de monsieur de Montaigle, tandis que nous, nous sommes contraints de passer la nuit sous des arbres. Sur le matin nous nous éloignons de nos gens, nous allons auprès du château pour épier la sortie de Philippe ; fatale résolution ! Depuis longtemps nous nous reposions sous quelques arbres, lorsque d’Oransai a paru ; il m’a si fort épouvanté, que, regagnant mon cheval, je me suis enfui en toute hâte vers nos amis ; D… n’a point pu me suivre, j’ignore ce qui s’est passé ; mais à mon retour, lorsque nous sommes arrivés en force, D… était couché sur la terre, percé de plusieurs coups d’épée, et mort depuis quelque temps. Quelle puissance, quelle cause inexplicable soutient ce jeune homme ! Léopold pourtant n’était pas auprès de lui ; il a donc vaincu seul. Ô Paul ! qu’il est nécessaire pour nous que ce jeune homme