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PHILIPPE.

Oui, une justice terrible, inflexible aux méchants tels que toi ; mais, prépare-toi à te défendre.

LE PRÉSIDENT.

J’accepte le combat, il est temps que je m’affranchisse d’une crainte qui m’a toujours poursuivi ; péris sous mes coups, jeune insensé ; et si je succombe, je te dévoue au fer des amis qui ont juré ta perte.

PHILIPPE.

Ah ! ne perdons point le temps en de vains discours, je tremble qu’on ne vienne m’arracher ma proie. À ces mots, je sors mon épée et fonce avec précipitation sur le scélérat, qui se défend avec la force que donne le crime provoqué. Plus nerveux que moi, plus adroit, peut-être il eût décidé ma perte ; mais ce n’était pas moi qui alors combattais, je n’étais que l’aveugle instrument d’un pouvoir supérieur au mien. Tous les coups de mon adversaire étaient parés, tous ceux que je lui portais le frappaient, la furie hurlait dans son âme ; il s’abandonnait pour mieux m’atteindre, notre assaut dura plus d’une demi-heure avec un avantage assez égal, quoique le brigand fût blessé et que je ne le fusse pas : enfin, je crus apercevoir auprès de moi le fantôme irrité, sa vue me donna une nouvelle vigueur.